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Message  Aloïs Necker Mer 3 Juin - 2:47

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On n'est plus fort que la femme qu'à condition d'être plus femme qu'elle.

    Je crois que les curés sont consolés de ne pas s'être mariés quand ils entendent les femmes se confesser. Mon père, ce tyran obèse disait toujours, parlant d'elles : "Les femmes ! Ah ! Les femmes ! Elles sont comme l'argent : on aimerait pouvoir les jeter par la fenêtre". Je pense pouvoir avancer sans trop me tromper qu'il était un phallocrate doublé d'un misogyne, choses qui vont souvent de paire. Cela dit ce que ce bon monsieur à omis, c'est qu'une femme n'es pas qu'une créature qui ne sait vivre qu'aux crochets d'un mâle, et qui change d'humeur comme de bijoux. Pour tout ce temps que je passe vêtu comme elles, je pense avoir compris les femmes. Elles ne sont guère changeantes, elles restent elles-mêmes, jusque dans leur contradictions. Milady est de ce genre de femmes : complexe et mystérieuse, dépendante et farouchement secrète.

    A vrai dire, je ne connais pas aussi bien ma maîtresse que le pensent les gens. C'est une femme compliquée et inaccessible. Un point commun avec son mari, cela dit. Il semble que le goût du secret soit de famille. Milady est calme et douce; elle pleure souvent sans qu'on le sache, et ne se plaint jamais. C'est une femme silencieuse, mais comme beaucoup de créature sans paroles, elle est observatrice. Je ne doute pas de son intellect, non pas car elle est ma maîtresse, mais car elle est vraiment profonde, spirituelle et malgré tout suffisamment curieuse pour avoir l'esprit bien troussé. cependant il m'arrive de la trouver trop profonde pour moi, car je pense qu'une femme qui raisonne est une femme à bout de sentiments. Je ne sais ce qu'à Milady, mais je la sens profondément meurtrie, au bout d'elle-même.

    Est-ce lié à Milord? je ne sais pas, pas encore. Il y a des secrets qu'une femme ne peut confier qu'à une femme, des secrets de sensibilité. Cependant, les femmes ont trop vite la langue bien commère. Est-ce pour cela que moi, le travesti et l'homosexuel, je suis devenu le confident de ma maîtresse? car je ne suis pas une femme qui pourrait lui être traitresse, mais pas assez homme pour ne pas arriver à la comprendre? Parfois, je me dis qu'elle me fait monter dans sa chambre sans appréhension, car mon cœur n'appartient qu'à ses messieurs. Peut-être que pour cette femme si mélancolique, je ne suis d'aucun sexe : ni prédateur masculin, ni rivale féminine. Si cette idée l'apaise, j'en suis heureux.

    Milord et Milady forment un étrange mais beau couple. Les hommes très mâles sont toujours flairés par les femmes très femmes, j'en ai l'exemple parfait. Ils sont tout les deux très beaux, et s'additionnant, ce n'en est que plus ravissant encore. Mais ce calcule se fait rarement; le couple MacGee est un couple à distance. Et moi, je suis quelque part aussi bien un majordome qu'un messager. Le messager de deux personnes qui n'ont rien à se dire. C'en est déprimant, mais je suppose que certaines choses sont ainsi faites qu'il ne faut pas les briser. Je crois que Milady est très éprise de Milord mais que ce n'est pas réciproque, et malgré la douleur de ma maîtresse, je ne sait pas si c'est une si mauvaise chose. Plus une femme aime son mari, plus elle le corrige de ses défauts, mais plus un mari aime sa femme, plus il risque d'augmenter ses défauts.

    Milady aime le Cake au Darjeeling, un thé noir très réputé en Grande-Bretagne. Alors un soir où je la trouvais bien pâle, j'avais eut la délicate attention de faire préparer la pâte la veille, pour que les serviteurs se charge d'en faire un, pour accompagner un simple Earl Grey. je suis monté, avec mon plateau, toquer à sa porte, et ce fut en pleurs que je la trouva, sans savoir quoi lui dire dans l'instant. C'était assez déconcertant à voir, une grande dame comme Milady sanglotant et tremblant de tout ses os. je l'ai calmé comme j'ai pu, et une fois un peu de thé avalé, nous avons parlé. Enfin Milady a parlé et avec patience, je l'ai écoutée. Une femme qui comme elle qui ne désirait rien est une femme qui s'est résignée à beaucoup de choses, je crois. Et de fil en aiguille, je suis devenu son confident, me faisant prendre chambre au même étage qu'elle et son mari et me mandant régulièrement dans la sienne, la nuit venue? je vois déjà les commérage. Milord cocufié par son majordome. On dirais un mauvais Vaudeville, quand on me connais bien.

    J'aime beaucoup ma maîtresse; elle est différente des autres femmes. Pas commère, pas vipère. pas castratrice ni soumise, bien que résigné à une étrange fatalité, comme une héroïne de dramaturgie grecque, et elle est mon amie, ou plutôt suis-je le sien. Une sorte d'Antigone, Phèdre ou pet-être Electre du début du siècle. Je vous confesse qu'elle est délicieuse, et si je n'étais pas si dédié aux messieurs, peut-être que mon cœur l'aurait aimé. J'ai pour elle une tendresse particulière. Parfois, quand je l'écoute sans rien dire, dans ce fauteuil trop grand pour moi, la table basse de sa chambre entre nous, je me demande si elle m'aime. D'amour, j'entends. Si je ne suis pas son amant par procuration. Et, douce horreur, cette idée me plait. Naïve, quelque part, je la trouve. L'amour que nous ne ferons jamais ensemble est le plus rare, le plus troublant, le plus pur, le plus émouvant que j'ai connu. Ou que je n'ai pas connu. Et que je ne connaîtrais jamais.

    Moralité : Il y a plus d'honnêtes femmes qu'on le croit, mais pas tant qu'on le dit.

    Cependant, en citant Alexandre Dumas, je vous rappelle :
    "On a le droit de dire du mal des femmes; on n'a pas le droit de dire du mal d'une femme".

    Sweet dreams, my dear Lady.


Dernière édition par Aloïs Necker le Mer 3 Juin - 4:58, édité 2 fois
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Message  Aloïs Necker Mer 3 Juin - 3:50

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Chaque homme est une histoire qui n'est identique à aucune autre.

    Oui certes, je suis un homme qui aime les hommes. En fait peut-être que dans tout homme, il y a un peu de tous les hommes. Donc je suis, bienheureux sodomite, amoureux universel du genre masculin. Cela sonne comme une acide plaisanterie. Comme les femmes, bien qu'homme, comme disait Molière, "je suis plus chaste des oreilles que de tout le reste du corps". J'ai un jour dit un blasphème au Pasteur : "que je sonnais comme une œuvre ratée de Dieu car j'avais le Diable au corps mieux que la pire des gueuses". J'aime mon propre sexe, mais pas le mien, alors je tente de le soutirer aux autres hommes. C'est ma vision surement un peu cynique de mon homosexualité mais aussi de mon goût pour les affaires amoureuses. Je trouve mon propre sexe infiniment plus honnête que le beau sexe : Les hommes ne simulent jamais l'orgasme : aucun homme ne chercherait à faire cette tête-là volontairement. Les hommes n'ont pas de cellulite. Rien que pour ça, on sait que Dieu est un homme. Oui, je suis méchant, je sais.

    J'aime profondément ce que je suis. Un homosexuel est un homme qui a souvent des états dames.

    Mais je préfère parler de Milord pour le moment, en changeant totalement de sujet. Mon maître est un homme vraiment étrange, je dois vous avouer. Je ne le croise jamais que par hasard, comme s 'il n'existait pas vraiment. Un homme est plus un homme par les choses qu'il tait que par celles qu'il dit. Milord est comme cela, partageant l'amour du secret absolu avec sa femme sans jamais épouser la même pièce ensemble. Cependant c'est un homme digne; il n'y a qu'à voir la sincérité de sa passions pour les sciences et l'ésotérisme, des sujets techniques qui ennuient profondément les femmes. C'est cela qui me fascine chez lui. N'essayez pas d'apprendre quelque chose à mon maître en public. Les hommes comme lui ne peuvent apprendre qu'en privé. En public, il est censé tout savoir. C'est un Lord Écossais. Cela résume tout. cela dit, il reste pour moi une énigme. peut-être la percerais-je un jour, mais tout viens à point à qui sait attendre. En outre, connaissant la fierté de mon maître, je sais qu'il aimera à se cacher de moi jusqu'au dernier moment. Il est vraiment insondable, et beaucoup font la bêtise de ne le juger que sur ses actes, comme ses pensées sont trop dures à atteindre.

    Milord et Milady sont incroyablement bien assortis une fois réunis dans la même pièce, mais paradoxalement, complètement différents. Cependant quand je prend la peine de les étudier à part, puis quand ils ont le hasard de se croiser - quand Milord n'arrive pas à éviter sa femme - je me surprend à n'avoir que de maigres espoirs. En tout point, il me font penser que les hommes et les femmes ne sont même pas complémentaires, et m'assurer du bienheureux choix d'être homosexuel. Comment l'homme et la femme pourraient-ils se comprendre ? Tous deux souhaitent des choses différentes : l'homme, la femme et la femme, l'homme. Si les hommes n'entendent rien au cœur des femmes, les femmes n'entendent rien à l'honneur des hommes. Milord et Milady ne dérogent pas à la règle tant ils ne semblent ne pas se comprendre. Même pas d'un millimètre.

    Milord est un homme qui parle peu, mais bien. De ces hommes qui méritent en somme mon respect. Cependant, je n'ai guère d'opportunité de le lui montrer, prouver, ou tout autre verbe qui vous sierra, grivoiseries comprises. Je suis un homme comme sa femme : je ne le vois que peu et cela me pèse. Il est toujours le cœur à l'étude, mais comment reprocher à un homme de se cultiver? Même si je pense que chez mon maître c'est un vice de caractère. Il est assez cultivé en effet pour faire la nique à un bon professeur en plusieurs domaines. C'est un homme admirable, en beaucoup de points, et détestables par d'autre. Qu'attendre de plus d'un homme qui serait mon maître? Je puis vous dire que devant lui, toute mon hypocrisie est mise à nue, ou tout du moins la moitié, et je ne sais parfois même pas quoi lui répondre. Un soir qu'il était à l'étude d'un ouvrage relié d'un cuir craquelé, j'ai toqué à la porte de son bureau, pour lui demander s'il souhaitait un peu de vin, comme je le sais amateur de grands crus. Le Bouteiller que je suis n'en fut pas plus ravi que l'homme amoureux et dans mon enthousiasme tout enfantin, lorsqu'il me dit "juste un doigt", je ne pu que lui répondre avec un sourire : "Vous ne vouliez pas un peu de vin d'abord, Milord?"

    Mauvaise réponse.

    Milord n'aime pas les hommes, vous vous en doutez, et j'ai été réprimandé pour mon manque de tact. Cependant, ce n'est pas bien grave. Je ne peux vous dire que Milord aime les femmes. Bien sûr, son orientation en leur faveurs, à ces fieffées pestes, mégères et garces, est claire, mais est-ce donc parce qu'un homme se définit comme hétérosexuel qu'il aime les femmes? Je crois qu'en fait, Milord ne les aime pas. Il ne leur accorde pas d'attention. Milord n'aime à mon avis personne d'autre que sa propre personne. Et c'est exactement pour cette raison que je suis profondément attiré par lui. Je confesse que j'aimerais faire l'amour avec lui, et malgré tout le respect et l'affection que j'ai pour Milady, je suis persuadé que je saurais mieux le toucher. Dans le mariage, on fait l'amour par besoin, par devoir. Dans l'amour, on fait l'amour par amour. Je suis peut-être amoureux de Milord, sans jamais aucun espoir d'obtenir ses faveurs.
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