Préparation de la Table
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Préparation de la Table
Sarah MacDougal Mar 26 Mai - 1:17
En ce début de journée, Sarah s'était levée tôt comme à son habitude. Elle ne bronchait jamais et accomplissait ses tâches quotidiennes sans jamais en dévier, car elle avait compris très tôt comment marchait la maison. A ce moment, elle était déjà en train de dresser la table du petit déjeûner, attendant que ses maîtres fassent leur apparition pour aller aux cuisines et rapporter ainsi tout ce qui compose le premier repas de leur journée.
Elle posait à présent les couverts, prenant garde à leur disposition parfaitement symétrique par rapport à l'assiette, pour un ensemble plus harmonieux. Elle mettait un point d'honneur à contenter ceux qui avaient eu la gentillesse de la recueillir et pour cela, faisait en sorte que la table soit un plaisir pour les yeux. Ce perfectionnisme était né de son habitude à faire ce qu'on lui demandait mais la jeune soubrette y voyait également un signe de fierté, celle qui vous donnait envie de faire toujours de votre mieux. Mais même malgré celà, Sarah gardait toujours une expression neutre, ne montrant jamais un signe quelconque de sentiments. N'importe qui dans la pièce pourrait croire que son travail l'ennuyait mais ce n'était absolument pas le cas.
Depuis le début qu'elle était là, elle s'acharnait à tout apprendre de son nouveau métier gracieusement attribué par Lord MacGee, lequel ne voyait pas en elle un "monstre", l'une de ces personnes rejetées de la société pour être seulement différente. Sarah ne savait que trop bien ce qu'il en était lorsqu'elle avait été guérie de son accident, mais défigurée à vie. Les regards curieux et horrifiés des gens la mettaient extrêmement mal à l'aise et c'était bien pour cela qu'elle accomplissait son travail hors de la vue de tous. Elle se faisait aussi petite qu'une souris, ne passant devant les gens que lorsque cela s'avérait nécessaire et ainsi, elle passait donc inaperçue.
Elle achevait de dresser la table et s'apprêtait donc à se diriger vers les cuisines pour y ramener la nourriture du petit déjeûner...
Elle posait à présent les couverts, prenant garde à leur disposition parfaitement symétrique par rapport à l'assiette, pour un ensemble plus harmonieux. Elle mettait un point d'honneur à contenter ceux qui avaient eu la gentillesse de la recueillir et pour cela, faisait en sorte que la table soit un plaisir pour les yeux. Ce perfectionnisme était né de son habitude à faire ce qu'on lui demandait mais la jeune soubrette y voyait également un signe de fierté, celle qui vous donnait envie de faire toujours de votre mieux. Mais même malgré celà, Sarah gardait toujours une expression neutre, ne montrant jamais un signe quelconque de sentiments. N'importe qui dans la pièce pourrait croire que son travail l'ennuyait mais ce n'était absolument pas le cas.
Depuis le début qu'elle était là, elle s'acharnait à tout apprendre de son nouveau métier gracieusement attribué par Lord MacGee, lequel ne voyait pas en elle un "monstre", l'une de ces personnes rejetées de la société pour être seulement différente. Sarah ne savait que trop bien ce qu'il en était lorsqu'elle avait été guérie de son accident, mais défigurée à vie. Les regards curieux et horrifiés des gens la mettaient extrêmement mal à l'aise et c'était bien pour cela qu'elle accomplissait son travail hors de la vue de tous. Elle se faisait aussi petite qu'une souris, ne passant devant les gens que lorsque cela s'avérait nécessaire et ainsi, elle passait donc inaperçue.
Elle achevait de dresser la table et s'apprêtait donc à se diriger vers les cuisines pour y ramener la nourriture du petit déjeûner...
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Sarah MacDougal- Modératrice / Maid du Manoir
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Re: Préparation de la Table
Arghyle MacBride Mar 26 Mai - 22:19
Cela faisait peu de temps qu'Arghyle était au manoir MacGee. Il y passerait peu de temps, d'après ce que son père lui avait dit. Un mois au manoir, deux mois à Woodhill, et ce jusqu'à ce qu'il guérisse. Aujourd'hui c'était le premier jour où il allait prendre un petit déjeuner en commun avec d'autres. Il le redoutait comme sa première rage de dent. Mais c'était un passage obligatoire. Il avait revêtu son grand manteau noir, par dessus son chemisier blanc et son pantalon d'officier, tout aussi noir que le manteau. Il avait posé son couvre-chef, bien enfoncé sur sa tête, enfila ses gants, noirs évidemment, et sortit de la chambre qui lui était prêté pour le temps de sa présence ici.
La bâtisse était grande, plus grande que le manoir des MacBride. Le deuxième étage était parsemé de portes donnant sur les chambres des différents colocataires ainsi que des domestiques. Il ne rencontra personne sur son passage dans les couloirs et les escaliers en se rendant à la salle à manger. Il lui arriva de se perdre en chemin plus d'une fois, mais il retrouva sa route assez facilement. Il arriva finalement à destination, son manteau flottant légèrement derrière lui, lui donnant un air encore plus fantomatique. Une des servante était là, préparant le couvert. Arghyle l'observa un moment. Elle n'avait pas remarqué la présence du jeune homme juste à l'entrée de la pièce. Il faut dire qu'il était plutôt discret. C'était une technique de dissimulation qu'il avait apprit pendant la guerre et qui lui avait sauvé la vie plus d'une fois... il n'était pas prêt de s'en départir.
Il observa donc la servante, pendant de longues minutes. Elle mettait un soin tout particulier à disposer les couverts, les assiettes et tout ce qui allait sur la grande table avec la plus grande attention. Elle tourna autour de la table plusieurs fois, admirant son travail avec fierté, laissant parfois un léger sourire se dessiner aux coins de ses lèvres et lorsqu'elle se tourna, sa mèche, qui lui cachait la moitié du visage se décala un très bref instant. Arghyle put alors voir ce pourquoi la jeune femme était ici. La moitié cachée de son visage était brûlée à un haut degré. Si bien que la population dite "normale" devait surement la huée dans la rue. Arghyle eut un pincement au coeur. Il haïssait ces autres qui pensaient être normaux, n'avoir rien à se reprocher parce qu'ils étaient "beaux", qu'ils avaient eu la chance de naître et de vivre sans difficulté... sans la difficulté qu'avaient les "Freaks" comme lui.
Miss MacDougal, c'est ainsi que se nommait la jeune servante, avait semble-t-il terminé de dresser la table, et s'apprêtait à se diriger vers les cuisine quand elle sembla remarquer la présence d'Arghyle. En tout cas, il avait l'impression qu'elle le fixait. Il se redressa, et s'avança d'un pas dans la pièce.
-"Je... Bonjour, Miss MacDougal. Je ne voulais pas... vous déranger. Je suis peut-être trop en avance..." Commença-t-il gêné, de sa voix grave. "Je vais retourner dans ma chambre en attendant..." Dit-il en esquissant un demi-tour pour remonter les escaliers.
La bâtisse était grande, plus grande que le manoir des MacBride. Le deuxième étage était parsemé de portes donnant sur les chambres des différents colocataires ainsi que des domestiques. Il ne rencontra personne sur son passage dans les couloirs et les escaliers en se rendant à la salle à manger. Il lui arriva de se perdre en chemin plus d'une fois, mais il retrouva sa route assez facilement. Il arriva finalement à destination, son manteau flottant légèrement derrière lui, lui donnant un air encore plus fantomatique. Une des servante était là, préparant le couvert. Arghyle l'observa un moment. Elle n'avait pas remarqué la présence du jeune homme juste à l'entrée de la pièce. Il faut dire qu'il était plutôt discret. C'était une technique de dissimulation qu'il avait apprit pendant la guerre et qui lui avait sauvé la vie plus d'une fois... il n'était pas prêt de s'en départir.
Il observa donc la servante, pendant de longues minutes. Elle mettait un soin tout particulier à disposer les couverts, les assiettes et tout ce qui allait sur la grande table avec la plus grande attention. Elle tourna autour de la table plusieurs fois, admirant son travail avec fierté, laissant parfois un léger sourire se dessiner aux coins de ses lèvres et lorsqu'elle se tourna, sa mèche, qui lui cachait la moitié du visage se décala un très bref instant. Arghyle put alors voir ce pourquoi la jeune femme était ici. La moitié cachée de son visage était brûlée à un haut degré. Si bien que la population dite "normale" devait surement la huée dans la rue. Arghyle eut un pincement au coeur. Il haïssait ces autres qui pensaient être normaux, n'avoir rien à se reprocher parce qu'ils étaient "beaux", qu'ils avaient eu la chance de naître et de vivre sans difficulté... sans la difficulté qu'avaient les "Freaks" comme lui.
Miss MacDougal, c'est ainsi que se nommait la jeune servante, avait semble-t-il terminé de dresser la table, et s'apprêtait à se diriger vers les cuisine quand elle sembla remarquer la présence d'Arghyle. En tout cas, il avait l'impression qu'elle le fixait. Il se redressa, et s'avança d'un pas dans la pièce.
-"Je... Bonjour, Miss MacDougal. Je ne voulais pas... vous déranger. Je suis peut-être trop en avance..." Commença-t-il gêné, de sa voix grave. "Je vais retourner dans ma chambre en attendant..." Dit-il en esquissant un demi-tour pour remonter les escaliers.
Arghyle MacBride- Alias Mister Black
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Re: Préparation de la Table
Sarah MacDougal Mer 27 Mai - 0:21
Sarah était prête à quitter la pièce quand un léger mouvement derrière elle la fit s'arrêter et se retourner lentement. L'un des nouveaux habitants du manoir se trouvait à l'entrée de la pièce et la dévisageait depuis un bon moment à son expression curieuse. Elle n'en fit pas grand cas jusqu'à ce que celui-ci prenne la parole devant elle...
La bienséance aurait voulu que Sarah lui sourit aimablement mais tout le monde dans le manoir connaissait la jeune Maid pour son absence d'émotion qui peut se révéler assez destabilisant. Elle le regarda longuement, ne l'ayant jamais vu de près et le dévisagea de manière froide. On aurait pu croire que c'était de l'insolence mais en fait, c'était simplement sa façon de réagir face aux gens, qu'elle connaissait ou non. Et cela lui valait parfois des quolibets et son surnom qu'elle avait entendu : "la dame glacée". Elle n'était pas peu fière de ce surnom qui reflêtait vraiment sa personne toute entière, bien que personne ne savait qu'elle en connaissait l'existence.
Elle finit par prendre la parole sur un ton qui ne demandait pas de réplique...
- Je vous en prie, vous pouvez prendre place. Le petit-déjeûner sera bientôt servi et il est inutile que vous remontiez dans votre chambre pour en redescendre dans cinq minutes.
Le seul oeil qu'elle montrait renvoyait un sentiment d'indifférence prononcé, comme si elle se fichait éperdument de son vis-à-vis. Ca aurait pu être le cas mais elle éprouvait tout de même une petite curiosité à son endroit... Comment avait-il réussi à ne pas se faire remarquer ? Il devait être là depuis plusieures minutes et elle ne l'avait même pas entendu arriver...
Elle resta droite comme un piquet, attendant que son hôte prenne place à la table...
La bienséance aurait voulu que Sarah lui sourit aimablement mais tout le monde dans le manoir connaissait la jeune Maid pour son absence d'émotion qui peut se révéler assez destabilisant. Elle le regarda longuement, ne l'ayant jamais vu de près et le dévisagea de manière froide. On aurait pu croire que c'était de l'insolence mais en fait, c'était simplement sa façon de réagir face aux gens, qu'elle connaissait ou non. Et cela lui valait parfois des quolibets et son surnom qu'elle avait entendu : "la dame glacée". Elle n'était pas peu fière de ce surnom qui reflêtait vraiment sa personne toute entière, bien que personne ne savait qu'elle en connaissait l'existence.
Elle finit par prendre la parole sur un ton qui ne demandait pas de réplique...
- Je vous en prie, vous pouvez prendre place. Le petit-déjeûner sera bientôt servi et il est inutile que vous remontiez dans votre chambre pour en redescendre dans cinq minutes.
Le seul oeil qu'elle montrait renvoyait un sentiment d'indifférence prononcé, comme si elle se fichait éperdument de son vis-à-vis. Ca aurait pu être le cas mais elle éprouvait tout de même une petite curiosité à son endroit... Comment avait-il réussi à ne pas se faire remarquer ? Il devait être là depuis plusieures minutes et elle ne l'avait même pas entendu arriver...
Elle resta droite comme un piquet, attendant que son hôte prenne place à la table...
Dernière édition par Sarah MacDougal le Jeu 28 Mai - 21:31, édité 2 fois
Sarah MacDougal- Modératrice / Maid du Manoir
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Re: Préparation de la Table
Randolph Bickerton Mer 27 Mai - 1:19
[J'en profite pour m'inviter, si je suis indésirable, jetez-moi des cailloux à la figure !\o/]
Premier post
L'avantage d'être au service d'un riche excentrique est que l'on peut se lever avant le chant du coq, et se promener dans les couloirs déserts remplis des ronflements, de grincements de planchers, et autres gémissements nocturnes que les cauchemars - ou rêves érotiques, ne boudons pas notre plaisir - font pousser aux êtres blottis dans les bras de Morphée. Certes, il est toujours difficile de ne pas se sentir brumeux lorsque le tintement strident d'un réveil métallique vous tire de vos envolées lyriques, de ces formidables contrastes d'avec la vie diurne. Certes. Ne le nions pas, cette vérité générale est certainement aussi galvaudée que les stéréotypes représentant la gent féminine allemande habillée en valkyrie. A ceci près que le stéréotype susnommé est bien vérifié, mais passons un voile pudique, si vous nous le permettez.
Ainsi tiré de son sommeil réparateur dont le jeune corps formidablement sculpté dont nous relatons les exploits avait grand besoin, icelui vagabondait, après s'être, tout de même, lavé, puis habillé de son trois pièces habituel - sa "livrée" - dans les couloirs du manoir. C'était calme.
*Dormez, braves gens, la journée s'annonce mal*
Ce pouvait être le genre de pensée à le mettre de bonne humeur. Mais Randolph avait pour habitude de se réjouir de ce qui en valait vraiment la peine. Mieux valait un véritable malheur qu'une espérance fugace. Du moins le laissait-il parfois croire. Après tout, quel intérêt à dire aux gens ce que l'on pense vraiment ? L'opinion qu'il se font de vous étant quasiment totalement fondée sur le premier contact, il serait illusoire d'imaginer que vos états d'âme les intéresse. La preuve, on s'était bien moqué de savoir ce qu'il sentait, lui, Randy, lors de son séjour à l'hôpital. Non, son seul intérêt avait été d'allumer des ampoules en les prenant dans sa main. Il avait bien proposé de les coincer en un autre endroit à son médecin, mais celui-ci avait été choqué par les propos.
Encore un vieux bigot.
Toujours le même sourire légèrement frivole aux lèvres, les sourcils enfoncés en leur milieu en un air de défi, le regard pétillant, cela faisait environ deux heures qu'il s'était levé, et qu'il arpentait, sans avoir rencontré âme qui vive, les passages déserts de la demeure. Le lieu était décoré avec goût, il fallait le reconnaître. A défaut d'avoir des hôtes de choix, son maître avait au moins des préférences artistiques et harmonieuses intéressantes. Enfin, de là à ce que ce soit ce nobliau qui s'occupe de la décoration intérieure...
Randolph fut tiré de ses méditations métaphysiques matinales par le son d'une horloge résonnant dans ses tympans d'enfant attardé. Il fallait se dépêcher, le petit déjeuner allait certainement être servi. Non que les habitants de cette manorhouse soient des lève-tôt - loin s'en fallait - mais il y avait un standing à respecter, et être debout face au service à thé en porcelaine de Mister and Missus faisait partie de son travail. Attention à ne jamais lever l'auriculaire en servant. Pour Randy, la question était double : quel doigt devait-il appeler auriculaire ?
Il en était à se poser des questions d'ordre anatomique lorsqu'il arriva, d'un pas maladroit, dans la salle à manger. D'un geste souple, il tapota sur sa veste afin d'essayer de masquer les faux plis que sa promenade aurait pus imprimer sur ses vêtements. Ses deux guiboles le menaient, tant bien que mal, vers la maid de service.
Bien évidemment, quelqu'un semblait avoir anticipé sa venue et se tenait debout à l'endroit où il aurait dû passer. Un résident debout à cette heure ? Quel comble !
"Jolly good morning, sir," déclara-t-il d'une voix chantante à l'égard du résident, en étouffant une grimace lorsque ses narines s'ouvrirent pleinement.
- Je vous en prie, vous pouvez prendre place. Le petit-déjeûner sera bientôt servi et il est inutile que vous remontiez dans votre chambre pour en redescendre dans cinq minutes.
Randolph sembla acquiescer, d'un bref hochement de tête. Il n'avait rien écouté, mais prenait toujours le parti de la personne la plus assurée dans son ton. Toujours. Cela permet de briller en société. Et surtout de ne pas écouter les niaiseries racontées par les convives des petites sauteries mondaines auxquelles il aurait pu participer.
"Hello Sarah. Toujours aussi resplendissante."
Ironique ? Allez savoir...
Randolph ne savait rester aussi froid que Sarah. S'il ne montrait rien de ses émotions, il affichait constamment un air mutin fortement prononcé. Cela permettait d'éviter d'être le confident de tout un chacun. Un bloc de marbre est certes glacial, mais on ne lui prête aucune déviance mentale, ni aucune idée pervertie. Ainsi avait-il toujours ce sourire qui passait parfois pour insolent. Et alors ? Au moins, il semblait heureux. C'est donc d'une voix plutôt enchantée - nous dirons poliment soutenue - que, une fois arrivé au niveau de la porte de la cuisine, Randy se retourna et interrogea l'hôte comme il l'avait vu faire par d'autres, coupant ainsi l'herbe sous le pied de la maid.
"Prendrez-vous du thé, sir ? Dois-je faire cuire les toasts ? Ah...je vous prie de bien vouloir excuser le manque d'accompagnement nutritif que comporte cette table, je viens juste d'arriver..."
Pique cinglante envers sa congénère, certes, mais avec tout l'amour que cela comporte. Ou peut comporter. Ou Pourrait comporter. Potentiellement. Ne nous éternisons pas sur le sujet. Il se plaqua finalement à côté de Sarah, raide comme un piquet, à attendre que sa seigneurie daigne lui adresser la parole.
Premier post
L'avantage d'être au service d'un riche excentrique est que l'on peut se lever avant le chant du coq, et se promener dans les couloirs déserts remplis des ronflements, de grincements de planchers, et autres gémissements nocturnes que les cauchemars - ou rêves érotiques, ne boudons pas notre plaisir - font pousser aux êtres blottis dans les bras de Morphée. Certes, il est toujours difficile de ne pas se sentir brumeux lorsque le tintement strident d'un réveil métallique vous tire de vos envolées lyriques, de ces formidables contrastes d'avec la vie diurne. Certes. Ne le nions pas, cette vérité générale est certainement aussi galvaudée que les stéréotypes représentant la gent féminine allemande habillée en valkyrie. A ceci près que le stéréotype susnommé est bien vérifié, mais passons un voile pudique, si vous nous le permettez.
Ainsi tiré de son sommeil réparateur dont le jeune corps formidablement sculpté dont nous relatons les exploits avait grand besoin, icelui vagabondait, après s'être, tout de même, lavé, puis habillé de son trois pièces habituel - sa "livrée" - dans les couloirs du manoir. C'était calme.
*Dormez, braves gens, la journée s'annonce mal*
Ce pouvait être le genre de pensée à le mettre de bonne humeur. Mais Randolph avait pour habitude de se réjouir de ce qui en valait vraiment la peine. Mieux valait un véritable malheur qu'une espérance fugace. Du moins le laissait-il parfois croire. Après tout, quel intérêt à dire aux gens ce que l'on pense vraiment ? L'opinion qu'il se font de vous étant quasiment totalement fondée sur le premier contact, il serait illusoire d'imaginer que vos états d'âme les intéresse. La preuve, on s'était bien moqué de savoir ce qu'il sentait, lui, Randy, lors de son séjour à l'hôpital. Non, son seul intérêt avait été d'allumer des ampoules en les prenant dans sa main. Il avait bien proposé de les coincer en un autre endroit à son médecin, mais celui-ci avait été choqué par les propos.
Encore un vieux bigot.
Toujours le même sourire légèrement frivole aux lèvres, les sourcils enfoncés en leur milieu en un air de défi, le regard pétillant, cela faisait environ deux heures qu'il s'était levé, et qu'il arpentait, sans avoir rencontré âme qui vive, les passages déserts de la demeure. Le lieu était décoré avec goût, il fallait le reconnaître. A défaut d'avoir des hôtes de choix, son maître avait au moins des préférences artistiques et harmonieuses intéressantes. Enfin, de là à ce que ce soit ce nobliau qui s'occupe de la décoration intérieure...
Randolph fut tiré de ses méditations métaphysiques matinales par le son d'une horloge résonnant dans ses tympans d'enfant attardé. Il fallait se dépêcher, le petit déjeuner allait certainement être servi. Non que les habitants de cette manorhouse soient des lève-tôt - loin s'en fallait - mais il y avait un standing à respecter, et être debout face au service à thé en porcelaine de Mister and Missus faisait partie de son travail. Attention à ne jamais lever l'auriculaire en servant. Pour Randy, la question était double : quel doigt devait-il appeler auriculaire ?
Il en était à se poser des questions d'ordre anatomique lorsqu'il arriva, d'un pas maladroit, dans la salle à manger. D'un geste souple, il tapota sur sa veste afin d'essayer de masquer les faux plis que sa promenade aurait pus imprimer sur ses vêtements. Ses deux guiboles le menaient, tant bien que mal, vers la maid de service.
Bien évidemment, quelqu'un semblait avoir anticipé sa venue et se tenait debout à l'endroit où il aurait dû passer. Un résident debout à cette heure ? Quel comble !
"Jolly good morning, sir," déclara-t-il d'une voix chantante à l'égard du résident, en étouffant une grimace lorsque ses narines s'ouvrirent pleinement.
- Je vous en prie, vous pouvez prendre place. Le petit-déjeûner sera bientôt servi et il est inutile que vous remontiez dans votre chambre pour en redescendre dans cinq minutes.
Randolph sembla acquiescer, d'un bref hochement de tête. Il n'avait rien écouté, mais prenait toujours le parti de la personne la plus assurée dans son ton. Toujours. Cela permet de briller en société. Et surtout de ne pas écouter les niaiseries racontées par les convives des petites sauteries mondaines auxquelles il aurait pu participer.
"Hello Sarah. Toujours aussi resplendissante."
Ironique ? Allez savoir...
Randolph ne savait rester aussi froid que Sarah. S'il ne montrait rien de ses émotions, il affichait constamment un air mutin fortement prononcé. Cela permettait d'éviter d'être le confident de tout un chacun. Un bloc de marbre est certes glacial, mais on ne lui prête aucune déviance mentale, ni aucune idée pervertie. Ainsi avait-il toujours ce sourire qui passait parfois pour insolent. Et alors ? Au moins, il semblait heureux. C'est donc d'une voix plutôt enchantée - nous dirons poliment soutenue - que, une fois arrivé au niveau de la porte de la cuisine, Randy se retourna et interrogea l'hôte comme il l'avait vu faire par d'autres, coupant ainsi l'herbe sous le pied de la maid.
"Prendrez-vous du thé, sir ? Dois-je faire cuire les toasts ? Ah...je vous prie de bien vouloir excuser le manque d'accompagnement nutritif que comporte cette table, je viens juste d'arriver..."
Pique cinglante envers sa congénère, certes, mais avec tout l'amour que cela comporte. Ou peut comporter. Ou Pourrait comporter. Potentiellement. Ne nous éternisons pas sur le sujet. Il se plaqua finalement à côté de Sarah, raide comme un piquet, à attendre que sa seigneurie daigne lui adresser la parole.
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Re: Préparation de la Table
Arghyle MacBride Mer 27 Mai - 11:39
Alors qu'il avait presque terminer de tourner les talons, la maid lui répondit, d'un ton sans détour, d'une voix glaciale, sans sourire :
- Je vous en prie, vous pouvez prendre place. Le petit-déjeuner sera bientôt servi et il est inutile que vous remontiez dans votre chambre pour en redescendre dans cinq minutes.
Le pauvre Arghyle, tétanisé, ne bougeait plus. Il était peu accoutumé à ce qu'on lui parle sur ce ton. Mais il est vrai qu'il avait l'habitude d'être regardé de travers et qu'on lui parle mal, cependant, même dans sa propre maison. Qu'avait-il donc espérait en venant ici, je vous le demande ? Parce que ces gens étaient comme lui, des rejetés de la société, ils allaient se montrer aimable et généreux ? Mon pauvre Arghyle, ta vision du monde est bien faussée, malgré tout ce que tu as enduré... Bref. Avant d'avoir pu répondre quoi que ce soit, un jeune homme aux allures "électriques" arriva et se planta aux côtés de Sarah MacDougal, d'au air suffisant, presque trop sûr de lui.
"Jolly good morning, sir." Lança-t-il à l'intention de Mister Black. Puis il esquissa une grimace. Et oui... Arghyle soupira. Son odeur était comme toujours ce qui incommodait le plus. Et il était déjà dépassé par les évènements. Que faire, que dire ? Que disait l'étiquette en telles circonstances ? *Seigneur, je vous en prie, aidez-moi !*
Randolph, c'était ainsi que se nommait le jeune homme, s'adressa sans attendre à Miss MacDougal. Puis en se dirigeant vers les cuisines, il demanda à Arghyle :
"Prendrez-vous du thé, sir ? Dois-je faire cuire les toasts ? Ah...je vous prie de bien vouloir excuser le manque d'accompagnement nutritif que comporte cette table, je viens juste d'arriver..."
Arghyle, les bras le long du corps, dissimulés par son grand manteau noir, ne bougea pas d'un pouce. Finalement, prendre le petit déjeuner en présence des autres hôtes était la plus mauvaise idée qu'il avait eu en ce début de matinée. L'odeur des toasts, des oeufs au plat, du thé, de la confiture, et du bacon grillé, mélangé à sa propre odeur corporelle fort désagréable pour les autres - lui ne la sentait plus - , serait un véritable supplice pour les convives et le personnel. Mais il avait quand même faim, et son estomac le faisait bien savoir en lançant par intermittence des gargouillements sans vergogne.
-"Euh... je... j'ignore... si c'est une bonne idée... je dois... je vais... " Non, non, non, de non ! Pensa-t-il avec force. Cela suffit. Il n'était un chiot battu par ses maîtres, la queue entre les jambes, le regard fuyant. Non ! Cela n'était pas Arghyle, cela n'était pas un MacBride, que diable !
-"Je vous prie de m'excuser". Reprit-il d'une voix plus assurée. "Je vais m'asseoir à l'autre bout de la table, à l'écart des autres convives. Je crains que mon odeur ne leur scie guère. Malheureusement, ce n'est pas faute de me laver et de changer de vêtement cinq fois dans la journée. Je n'y peux rien... Mais pour répondre à votre question, j'attendrai que les autres soient là pour manger, et je prendrai ce que vous aurez pris le temps de préparer. Je ne suis nullement pressé. Faites ce que vous devez et je verrai ensuite."
Ce disant, il alla s'asseoir à l'extrémité de la table, et n'enleva pas son manteau. Si l'odeur incommodait les autres, ils n'avaient pas encore eu le loisir de réellement voir le visage d'Arghyle, ni l'aspect de sa peau qui dégoûtait tant sa propre mère...
- Je vous en prie, vous pouvez prendre place. Le petit-déjeuner sera bientôt servi et il est inutile que vous remontiez dans votre chambre pour en redescendre dans cinq minutes.
Le pauvre Arghyle, tétanisé, ne bougeait plus. Il était peu accoutumé à ce qu'on lui parle sur ce ton. Mais il est vrai qu'il avait l'habitude d'être regardé de travers et qu'on lui parle mal, cependant, même dans sa propre maison. Qu'avait-il donc espérait en venant ici, je vous le demande ? Parce que ces gens étaient comme lui, des rejetés de la société, ils allaient se montrer aimable et généreux ? Mon pauvre Arghyle, ta vision du monde est bien faussée, malgré tout ce que tu as enduré... Bref. Avant d'avoir pu répondre quoi que ce soit, un jeune homme aux allures "électriques" arriva et se planta aux côtés de Sarah MacDougal, d'au air suffisant, presque trop sûr de lui.
"Jolly good morning, sir." Lança-t-il à l'intention de Mister Black. Puis il esquissa une grimace. Et oui... Arghyle soupira. Son odeur était comme toujours ce qui incommodait le plus. Et il était déjà dépassé par les évènements. Que faire, que dire ? Que disait l'étiquette en telles circonstances ? *Seigneur, je vous en prie, aidez-moi !*
Randolph, c'était ainsi que se nommait le jeune homme, s'adressa sans attendre à Miss MacDougal. Puis en se dirigeant vers les cuisines, il demanda à Arghyle :
"Prendrez-vous du thé, sir ? Dois-je faire cuire les toasts ? Ah...je vous prie de bien vouloir excuser le manque d'accompagnement nutritif que comporte cette table, je viens juste d'arriver..."
Arghyle, les bras le long du corps, dissimulés par son grand manteau noir, ne bougea pas d'un pouce. Finalement, prendre le petit déjeuner en présence des autres hôtes était la plus mauvaise idée qu'il avait eu en ce début de matinée. L'odeur des toasts, des oeufs au plat, du thé, de la confiture, et du bacon grillé, mélangé à sa propre odeur corporelle fort désagréable pour les autres - lui ne la sentait plus - , serait un véritable supplice pour les convives et le personnel. Mais il avait quand même faim, et son estomac le faisait bien savoir en lançant par intermittence des gargouillements sans vergogne.
-"Euh... je... j'ignore... si c'est une bonne idée... je dois... je vais... " Non, non, non, de non ! Pensa-t-il avec force. Cela suffit. Il n'était un chiot battu par ses maîtres, la queue entre les jambes, le regard fuyant. Non ! Cela n'était pas Arghyle, cela n'était pas un MacBride, que diable !
-"Je vous prie de m'excuser". Reprit-il d'une voix plus assurée. "Je vais m'asseoir à l'autre bout de la table, à l'écart des autres convives. Je crains que mon odeur ne leur scie guère. Malheureusement, ce n'est pas faute de me laver et de changer de vêtement cinq fois dans la journée. Je n'y peux rien... Mais pour répondre à votre question, j'attendrai que les autres soient là pour manger, et je prendrai ce que vous aurez pris le temps de préparer. Je ne suis nullement pressé. Faites ce que vous devez et je verrai ensuite."
Ce disant, il alla s'asseoir à l'extrémité de la table, et n'enleva pas son manteau. Si l'odeur incommodait les autres, ils n'avaient pas encore eu le loisir de réellement voir le visage d'Arghyle, ni l'aspect de sa peau qui dégoûtait tant sa propre mère...
Arghyle MacBride- Alias Mister Black
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Re: Préparation de la Table
Sarah MacDougal Jeu 28 Mai - 22:21
Sarah n'avait pas eu le temps de dire ou faire quoique ce soit que le jeune Randolph entra dans la pièce. Elle avait du mal à se faire au caractère spécial du jeune homme qui n'hésitait pas à dire ou faire des choses totalement incongrues. Et aussi, ses mots avaient des consonnances bizarres, ils pouvaient autant être emplis de sympathie que coupants comme du verre. Pour Sarah, c'était difficile à gérer, ne connaissant que le franc parler, elle préférait largement appeler un chat "un chat", les arts de la parole ne l'ayant jamais intéressé outre mesure.
Elle grimaça légèrement en entendant "Hello Sarah. Toujours aussi resplendissante." Tout le monde dans le manoir savait qu'elle détestait être complimentée sur son physique pour le moins abîmé et heureusement pour Randolph, la présence de leur invité l'empêchait de répondre par une réplique cinglante dont elle seule avait le secret. Elle se contenta de lui lancer un regard mauvais, signe d'une représaille imminente. Mais lorsqu'il fit la réflexion comme quoi la nourriture n'était pas encore déposée sur la table parce que "Monsieur" n'était pas encore là, notre Maid vit rouge et ne put empêcher une petite pique bien assaisonnée à son tour.
Une expression neutre avec un fond de ressentiment était arboré au moment même où les mots passaient ses lèvres, en observant monsieur MacBride...
- Et bien, si Monsieur Bickerton s'était levé un peu plus tôt, votre seigneurie n'aurait en effet pas eu à attendre avant de prendre son petit déjeûner...
Puis elle sauta du coq à l'âne...
- Prenez place où vous le souhaitez, je déplacerai vos couverts.
Fait étonnant, Sarah ne sentait aucune ôdeur désagréable, son odorat ayant certainement été perturbé par l'ôdeur dégagée de sa chair brûlée plusieures années auparavant. Et puis elle ne faisait généralement pas attention à l'apprêtement des gens, ayant appris depuis bien longtemps que l'habit ne faisait pas le moine. Elle attendit que Sieur MacBride lui indique une place pour y déposer les couverts. Elle regarda Randolph pendant ce temps...
- Vous devriez aller chercher le petit-déjeûner car il ne va en effet pas se déplacer tout seul sans vous.
Sur cette dernière petite provocation indicernable, elle attendit les ordres de leur invité...
Elle grimaça légèrement en entendant "Hello Sarah. Toujours aussi resplendissante." Tout le monde dans le manoir savait qu'elle détestait être complimentée sur son physique pour le moins abîmé et heureusement pour Randolph, la présence de leur invité l'empêchait de répondre par une réplique cinglante dont elle seule avait le secret. Elle se contenta de lui lancer un regard mauvais, signe d'une représaille imminente. Mais lorsqu'il fit la réflexion comme quoi la nourriture n'était pas encore déposée sur la table parce que "Monsieur" n'était pas encore là, notre Maid vit rouge et ne put empêcher une petite pique bien assaisonnée à son tour.
Une expression neutre avec un fond de ressentiment était arboré au moment même où les mots passaient ses lèvres, en observant monsieur MacBride...
- Et bien, si Monsieur Bickerton s'était levé un peu plus tôt, votre seigneurie n'aurait en effet pas eu à attendre avant de prendre son petit déjeûner...
Puis elle sauta du coq à l'âne...
- Prenez place où vous le souhaitez, je déplacerai vos couverts.
Fait étonnant, Sarah ne sentait aucune ôdeur désagréable, son odorat ayant certainement été perturbé par l'ôdeur dégagée de sa chair brûlée plusieures années auparavant. Et puis elle ne faisait généralement pas attention à l'apprêtement des gens, ayant appris depuis bien longtemps que l'habit ne faisait pas le moine. Elle attendit que Sieur MacBride lui indique une place pour y déposer les couverts. Elle regarda Randolph pendant ce temps...
- Vous devriez aller chercher le petit-déjeûner car il ne va en effet pas se déplacer tout seul sans vous.
Sur cette dernière petite provocation indicernable, elle attendit les ordres de leur invité...
Sarah MacDougal- Modératrice / Maid du Manoir
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Localisation : Au Manoir MacGee
Re: Préparation de la Table
Randolph Bickerton Ven 29 Mai - 2:10
"Qu'il est doux, au matin le son du tocsin !" s'était, un jour, après une soirée de beuverie bacchanale, un chanoine défroqué.
S'il avait pu faire la précédente guerre, nul doute que Randolph aurait apprécié les tirs de mortier et autres obus de .75 alors qu'il trempait son pain rassis dans son eau bouillie, ersatz de tartine ramollie par un semblant de thé tant dilué que sa composition avait de quoi faire pâlir les plus fervents adeptes de la dilution Hahnemannienne. Rien de tel, pour se réveiller, que d'entendre ses congénères s'énerver.
Mais il fallait bien comprendre cette âme d'enfant. L'amusement primait sur tout, et passait en priorité, comme un leitmotiv guidant chacune de ses actions, chacun de ses gestes. Si cela pouvait passer par un léger grain de sel, autant ne pas s'en priver. La vie était bien trop courte pour la perdre à s'enfermer sérieusement, et, s'il considérait avoir perdu une partie de sa vie en étant rejeté, Randy préférait à présent paraître fluet, pour tâcher de mieux supporter ce qu'il n'avait, finalement, toujours pas digéré. Mais cela, en revanche, il ne le laisserait aucunement transparaître. Quitte à passer pour un enfant attardé...
Mais l'heure était à des discussions bien plus intrigantes que les réflexion de bas étage de Randolph lors de ses insomnies chroniques. En effet, il semblait que le problème actuel était de décider si oui, ou non, Mr MacBride devait déjeuner séant, ou plus tard. Dans un suspense à faire pâlir ces auteurs leucémiques du magazine outre-atlantique Weird Tales, le débat était lancé, prenant à la gorge notre valeureux et vaillant petit domestique.
"Je vais m'asseoir à l'autre bout de la table, à l'écart des autres convives. Je crains que mon odeur ne leur scie guère. Malheureusement, ce n'est pas faute de me laver et de changer de vêtement cinq fois dans la journée. Je n'y peux rien... Mais pour répondre à votre question, j'attendrai que les autres soient là pour manger, et je prendrai ce que vous aurez pris le temps de préparer. Je ne suis nullement pressé. Faites ce que vous devez et je verrai ensuite."
Mais qu'est-ce qu'il pouvait en avoir à cirer ? Les hôtes du manoir semblaient souvent bien prompts à la gouttelette larmoyante au bord du groin, à s'épancher facilement sur l'épaule réconfortante du petit personnel sans lequel ils ne sauraient vivre. Foutus nobliaux. Enfin, nobliaux, il ne fallait pas exagérer, tout de même... Sans se départir de son habituel sourire - un rien incongru et mal à propos lorsque l'on était servant - le regard du petit Bickerton sembla se faire légèrement plus caustique. N'importe qui l'aurait pris pour une transcription d'une quelconque idée malicieuse ayant jaillie dans la tête d'un mauvais garçon. Mais quiconque connaissait Randolph, c'est à dire, pour être exact, lui-même (et peut-être, bien sûr des personnes qu'il ignorait, ne soyons pas trop exclusifs) aurait traduit cela en un simple "cause toujours, tu m'intéresses". La corrélation humeur/transcription corporelle est parfois plus délicate qu'il n'y paraît au premier abord.
- Et bien, si Monsieur Bickerton s'était levé un peu plus tôt, votre seigneurie n'aurait en effet pas eu à attendre avant de prendre son petit déjeuner...
Et vlan ! S'il y avait bien une chose que ses quelques années passées au manoir lui avaient apprises, c'était bien que la grande brûlée était chatouilleuse. Elle avait les nerfs à fleur de peau. On marchait souvent sur des charbons ardents. Ses propos étaient enflammés. Il venait donc de se faire griller. Randolph pinça les lèvres devant le nombre de jeux de mots saugrenus et pour le moins stupides qui lui passaient par la tête. Il ne put que susurrer, entre ses dents, pour n'être entendu que de la maid :
"Faux pas..."
"Seigneurie" n'était à employer qu'envers les nobles. Et Randolph avait du mal à voir un quelconque trait de noblesse en une morue écossaise qui avait eu envie de se dégourdir les papattes sur la terre ferme. Etde surcroît, il n'aimait pas être ainsi rabroué devant les hôtes, cela faisant, comme disait les français, "mauvais genre". Mais il ne se privait pas de le faire envers autrui, rassurez-vous.
- Vous devriez aller chercher le petit-déjeûner car il ne va en effet pas se déplacer tout seul sans vous.
Décidément, la MacDougal était particulièrement en forme, ce matin. Randolph la préférait peut-être endormie... encore que cela lui permettait d'effectuer un semblant de gymnastique neuronale de bonne heure, ce qui n'est aucunement déconseillé, bien au contraire.
"Mais où avais-je la tête, Sarah ? Je dois être encore brumeux..." Il s'approcha, légèrement, pour être sûr de n'être entendu que d'elle. "Je n'ai dormi... que d'un œil..." ajouta-t-il avec une moue faussement affectée, montrant de sa main son globe oculaire droit.
Il se raidit un peu, tâchant de repenser, autant que possible, au rôle qu'il devait remplir. Qu'il le fasse avec une point d'ironie, certes, mais qu'il le fasse tout de même. Il entra dans la cuisine, chantonnant à voix basse :
"J'y cours, j'y vole, I'm just burning for it..."
Un bonne partie de la nourriture était heureusement prête, disposée sur une table et quelque paillasses à proximité des portes. Randolph soupira d'aise, et prit les deux premiers plats - de la fine faïence - qui lui tombèrent sous la main. Un de tomates cuites, un de viande froide finement tranchée. Quiconque l'aurait vu aurait été surpris de voir l'apparente agilité de ses membres supérieurs, dont les gestes n'étaient qu'arrondis et circonvolutions, et l'évidente rigueur de ses membres inférieurs, dont les mouvements étaient plus secs, plus cassants, plus nets.
Sortant alors de la cuisine, Randolph alla déposer chacun des deux plats ovales sur le meuble situé face aux baies vitrées, et dont l'usage était - en plus du rangement d'un partie de la vaisselle - de supporter le poids de la nourriture post-embrassade-de-Morphée.
Se retournant promptement, et se raidissant pour finir droit comme un i, il déclara :
"Sir, si vous voulez bien vous donner la peine."
Sir. Juste "sir". Ce n'est pas parce que l'on était invité à résider chez MacGee que l'on était sorti de la cuisse de Jupiter, ou que George V - God save him - lui avait effleuré l'épaule de l'épée. Ou d'une quelqu'autre manière, d'ailleurs. Alors qu'il laissait à Mister Black le soin d'aller se servir, Randy fit demi-tour afin d'aller quérir le reste de nourriture, et l'apporter de manière convenable, afin que tous ces bambins gâtés puisse remplir leurs estomacs de morfales. Parce qu'en plus d'être des ratés comme lui, il leur fallait manger... Quelle humanité !
S'il avait pu faire la précédente guerre, nul doute que Randolph aurait apprécié les tirs de mortier et autres obus de .75 alors qu'il trempait son pain rassis dans son eau bouillie, ersatz de tartine ramollie par un semblant de thé tant dilué que sa composition avait de quoi faire pâlir les plus fervents adeptes de la dilution Hahnemannienne. Rien de tel, pour se réveiller, que d'entendre ses congénères s'énerver.
Mais il fallait bien comprendre cette âme d'enfant. L'amusement primait sur tout, et passait en priorité, comme un leitmotiv guidant chacune de ses actions, chacun de ses gestes. Si cela pouvait passer par un léger grain de sel, autant ne pas s'en priver. La vie était bien trop courte pour la perdre à s'enfermer sérieusement, et, s'il considérait avoir perdu une partie de sa vie en étant rejeté, Randy préférait à présent paraître fluet, pour tâcher de mieux supporter ce qu'il n'avait, finalement, toujours pas digéré. Mais cela, en revanche, il ne le laisserait aucunement transparaître. Quitte à passer pour un enfant attardé...
Mais l'heure était à des discussions bien plus intrigantes que les réflexion de bas étage de Randolph lors de ses insomnies chroniques. En effet, il semblait que le problème actuel était de décider si oui, ou non, Mr MacBride devait déjeuner séant, ou plus tard. Dans un suspense à faire pâlir ces auteurs leucémiques du magazine outre-atlantique Weird Tales, le débat était lancé, prenant à la gorge notre valeureux et vaillant petit domestique.
"Je vais m'asseoir à l'autre bout de la table, à l'écart des autres convives. Je crains que mon odeur ne leur scie guère. Malheureusement, ce n'est pas faute de me laver et de changer de vêtement cinq fois dans la journée. Je n'y peux rien... Mais pour répondre à votre question, j'attendrai que les autres soient là pour manger, et je prendrai ce que vous aurez pris le temps de préparer. Je ne suis nullement pressé. Faites ce que vous devez et je verrai ensuite."
Mais qu'est-ce qu'il pouvait en avoir à cirer ? Les hôtes du manoir semblaient souvent bien prompts à la gouttelette larmoyante au bord du groin, à s'épancher facilement sur l'épaule réconfortante du petit personnel sans lequel ils ne sauraient vivre. Foutus nobliaux. Enfin, nobliaux, il ne fallait pas exagérer, tout de même... Sans se départir de son habituel sourire - un rien incongru et mal à propos lorsque l'on était servant - le regard du petit Bickerton sembla se faire légèrement plus caustique. N'importe qui l'aurait pris pour une transcription d'une quelconque idée malicieuse ayant jaillie dans la tête d'un mauvais garçon. Mais quiconque connaissait Randolph, c'est à dire, pour être exact, lui-même (et peut-être, bien sûr des personnes qu'il ignorait, ne soyons pas trop exclusifs) aurait traduit cela en un simple "cause toujours, tu m'intéresses". La corrélation humeur/transcription corporelle est parfois plus délicate qu'il n'y paraît au premier abord.
- Et bien, si Monsieur Bickerton s'était levé un peu plus tôt, votre seigneurie n'aurait en effet pas eu à attendre avant de prendre son petit déjeuner...
Et vlan ! S'il y avait bien une chose que ses quelques années passées au manoir lui avaient apprises, c'était bien que la grande brûlée était chatouilleuse. Elle avait les nerfs à fleur de peau. On marchait souvent sur des charbons ardents. Ses propos étaient enflammés. Il venait donc de se faire griller. Randolph pinça les lèvres devant le nombre de jeux de mots saugrenus et pour le moins stupides qui lui passaient par la tête. Il ne put que susurrer, entre ses dents, pour n'être entendu que de la maid :
"Faux pas..."
"Seigneurie" n'était à employer qu'envers les nobles. Et Randolph avait du mal à voir un quelconque trait de noblesse en une morue écossaise qui avait eu envie de se dégourdir les papattes sur la terre ferme. Etde surcroît, il n'aimait pas être ainsi rabroué devant les hôtes, cela faisant, comme disait les français, "mauvais genre". Mais il ne se privait pas de le faire envers autrui, rassurez-vous.
- Vous devriez aller chercher le petit-déjeûner car il ne va en effet pas se déplacer tout seul sans vous.
Décidément, la MacDougal était particulièrement en forme, ce matin. Randolph la préférait peut-être endormie... encore que cela lui permettait d'effectuer un semblant de gymnastique neuronale de bonne heure, ce qui n'est aucunement déconseillé, bien au contraire.
"Mais où avais-je la tête, Sarah ? Je dois être encore brumeux..." Il s'approcha, légèrement, pour être sûr de n'être entendu que d'elle. "Je n'ai dormi... que d'un œil..." ajouta-t-il avec une moue faussement affectée, montrant de sa main son globe oculaire droit.
Il se raidit un peu, tâchant de repenser, autant que possible, au rôle qu'il devait remplir. Qu'il le fasse avec une point d'ironie, certes, mais qu'il le fasse tout de même. Il entra dans la cuisine, chantonnant à voix basse :
"J'y cours, j'y vole, I'm just burning for it..."
Un bonne partie de la nourriture était heureusement prête, disposée sur une table et quelque paillasses à proximité des portes. Randolph soupira d'aise, et prit les deux premiers plats - de la fine faïence - qui lui tombèrent sous la main. Un de tomates cuites, un de viande froide finement tranchée. Quiconque l'aurait vu aurait été surpris de voir l'apparente agilité de ses membres supérieurs, dont les gestes n'étaient qu'arrondis et circonvolutions, et l'évidente rigueur de ses membres inférieurs, dont les mouvements étaient plus secs, plus cassants, plus nets.
Sortant alors de la cuisine, Randolph alla déposer chacun des deux plats ovales sur le meuble situé face aux baies vitrées, et dont l'usage était - en plus du rangement d'un partie de la vaisselle - de supporter le poids de la nourriture post-embrassade-de-Morphée.
Se retournant promptement, et se raidissant pour finir droit comme un i, il déclara :
"Sir, si vous voulez bien vous donner la peine."
Sir. Juste "sir". Ce n'est pas parce que l'on était invité à résider chez MacGee que l'on était sorti de la cuisse de Jupiter, ou que George V - God save him - lui avait effleuré l'épaule de l'épée. Ou d'une quelqu'autre manière, d'ailleurs. Alors qu'il laissait à Mister Black le soin d'aller se servir, Randy fit demi-tour afin d'aller quérir le reste de nourriture, et l'apporter de manière convenable, afin que tous ces bambins gâtés puisse remplir leurs estomacs de morfales. Parce qu'en plus d'être des ratés comme lui, il leur fallait manger... Quelle humanité !
Randolph Bickerton- Espiègle serviteur
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Localisation : Partout où l'on m'appelle
Re: Préparation de la Table
Arghyle MacBride Dim 14 Juin - 7:56
Arghyle se sentit bien mal face à cette ambiance fort peu amicale en cette heure si matinale... Mais qu'importe, les problèmes des autres ne l'atteignait plus, à part ceux de sa petite soeur, Morgan. Il n'y avait que Morgan qui comptait dans ses vie et malheureusement, Père, aussi, car c'était grâce à ou à cause de lui s'il était encore en vie, si sa mère ne l'avait pas fait tuer ou tuer elle-même dès sa naissance ; grâce à ou à cause de lui aussi s'il se retrouvait dans un manoir étranger pour une convalescence dont il ne voyait pas une once de traitement à l'horizon. Qu'importe, il avait toujours fait ce que Père désirait, cela ne changerait pas de si peu.
Arghyle alla s'asseoir donc à l'autre bout de la table, n'ôtant ni son couvre-chef, ni son manteau, et laissa Miss MacDougal lui apporter ses couverts. Il observa Randolph Bickerton disparaitre par la porte de la cuisine et le vit revenir très peu de temps après, les bras chargés de plats aux odeurs et mets plus que succulents. Si Arghyle savait encore sourire, il l'aurait fait en cet instant. Son estomac criait famine mais son sens de l'étiquette lui interdisait de commencer à manger maintenant. Les conventions disaient d'attendre les autres convives, qu'ils se soient salués, et qu'ils soient tous assis à table et bien évidemment servis et prêts à manger.
Il avait envie de se faire tout petit comme une souris et d'aller grignotter dans les plats dissimulée à la vue des deux serviteurs. Cependant, il doutait qu'un souris fasse long feu dans la cuisine de Sarah MacDougal et n'osa même pas remettre les compétences de la jeune femme. On ne l'appelait pas la Dame Glacée pour rien. Elle n'était pas un sorbet ou une boule dans une coupe avec un biscuit sec, non, elle était bel et bien cette femme aux sentiments absents, aussi froide que la pierre. Mister Black était fasciné par cette femme. Autant elle était belle, sa peau si lisse, lui semblant si douce, sa mèche lui cachant une moitié de visage apportant une touche de mystère supplémentaire. Oui, Mister Black se sentait tout petit malgré sa grande taille, face à cette créature d'un autre monde. Oui, Mister Black lui vouait un véritable culte, mentalement, sans aucun signe extérieur d'attention si ce n'est ce regard, oui oui, celui-là même, qui ne vous lâchait pas, profond, noir, presque inquiétant. Qui sait de quoi l'homme est capable ?
Se rendant compte qu'il fixait la jeune femme et que cela pouvait devenir gênant autant pour elle - même s'il en doutait - que pour lui, il admira les plats que Randolph avait apporté :
"Ces plats ont l'air succulents. Je ne sais si je pourrais me retenir plus longtemps et résister à leur appel..."
Arghyle alla s'asseoir donc à l'autre bout de la table, n'ôtant ni son couvre-chef, ni son manteau, et laissa Miss MacDougal lui apporter ses couverts. Il observa Randolph Bickerton disparaitre par la porte de la cuisine et le vit revenir très peu de temps après, les bras chargés de plats aux odeurs et mets plus que succulents. Si Arghyle savait encore sourire, il l'aurait fait en cet instant. Son estomac criait famine mais son sens de l'étiquette lui interdisait de commencer à manger maintenant. Les conventions disaient d'attendre les autres convives, qu'ils se soient salués, et qu'ils soient tous assis à table et bien évidemment servis et prêts à manger.
Il avait envie de se faire tout petit comme une souris et d'aller grignotter dans les plats dissimulée à la vue des deux serviteurs. Cependant, il doutait qu'un souris fasse long feu dans la cuisine de Sarah MacDougal et n'osa même pas remettre les compétences de la jeune femme. On ne l'appelait pas la Dame Glacée pour rien. Elle n'était pas un sorbet ou une boule dans une coupe avec un biscuit sec, non, elle était bel et bien cette femme aux sentiments absents, aussi froide que la pierre. Mister Black était fasciné par cette femme. Autant elle était belle, sa peau si lisse, lui semblant si douce, sa mèche lui cachant une moitié de visage apportant une touche de mystère supplémentaire. Oui, Mister Black se sentait tout petit malgré sa grande taille, face à cette créature d'un autre monde. Oui, Mister Black lui vouait un véritable culte, mentalement, sans aucun signe extérieur d'attention si ce n'est ce regard, oui oui, celui-là même, qui ne vous lâchait pas, profond, noir, presque inquiétant. Qui sait de quoi l'homme est capable ?
Se rendant compte qu'il fixait la jeune femme et que cela pouvait devenir gênant autant pour elle - même s'il en doutait - que pour lui, il admira les plats que Randolph avait apporté :
"Ces plats ont l'air succulents. Je ne sais si je pourrais me retenir plus longtemps et résister à leur appel..."
Arghyle MacBride- Alias Mister Black
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